ECOLO Ixelles dresse un premier bilan de la nouvelle place Flagey, un an après son inauguration.

  • L’aménagement s’avère très agréable et populaire ;
  • L’occupation de la place est gérée à la petite semaine. La majorité communale n’a aucune ligne de conduite. A défaut de vision claire, elle autorise à tout va les activités commerciales ;
  • Le mobilier urbain se dégrade trop rapidement, c’est inquiétant ;
  • La mobilité reste problématique au carrefour Lesbroussart / Ixelles / Vleurgat ;
  • Des interrogations subsistent quant à la non utilisation du parking souterrain.


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L’aménagement global

Alors qu’on pouvait craindre un embourgeoisement généralisé de l’usage de la place, on observe au contraire une grande mixité sociale. S’y côtoient les jeunes de la rue Malibran, les étudiants de La Cambre, les clients des établissements branchés… En particulier, la place est devenue l’espace de détente de nombreuses familles du quartier qui ne disposent visiblement pas d’un jardin.

Soulignons encore une fois qu’ECOLO Ixelles se réjouit tant du résultat que de la manière. Pour rappel, le projet de la place Flagey est un précédent remarquable dans l’histoire de l’urbanisme Bruxellois. En effet, pour la première fois depuis très longtemps, un grand espace public fut réaménagé à l’issue d’un concours international d’architecture et d’un processus participatif exemplaires.

La mobilité

Sous les réserves d’un engorgement croissant de toutes les voiries de Bruxelles, on peut considérer que la mobilité autour de la place est acceptable pour les différents usagers.

Cependant le carrefour Lesbroussart/Vleurgat/chée d’Ixelles reste très problématique. En effet, ce carrefour reste illisible, dangereux et totalement bouché à certaines heures. Il fait perdre à chaque trajet de précieuses minutes aux transports publics (bus 71, 60, 38 et tram 81).

Le conseiller Yves Rouyet rappelle que « Deux dossiers devraient bientôt arriver sur la table : la rénovation du bas de la chaussée de Vleurgat – qui fait pitié à voir – et la tramification de la ligne 71 (dont l’étude est officiellement inscrite dans l’accord du gouvernement régional). Il est dès lors impératif que la Commune et la Région trouvent au préalable une solution pour ce carrefour ».

Le panneau lumineux

Prévu dès le départ du projet, le vaste panneau lumineux d’information s’avère finalement une fausse bonne idée. Il est éblouissant et n’apporte pas grand-chose à l’aménagement global. D’autant plus que le contenu des informations est assez faible (l’heure affichée n’est même pas correcte). A l’heure actuelle, seules des activités culturelles régionales situées hors d’Ixelles sont mentionnées (expo au Wiels à Forest, Musée Magritte à la place Royale, etc.). C’est bien mais c’est oublier que l’objectif initial était aussi et surtout de faire connaître les nombreux lieux culturels situés dans le quartier (le Marni, le Flagey, le Musée d’Ixelles, la Clarencière, La Cambre, l’Ecole des Arts, la Bibliothèque communale, le Théâtre Mercelis, etc.).

Par ailleurs, le verso du panneau est dédié à la publicité (déroulant tri visions). Ce qui est en dérogation avec l’idée d’une place sans publicité voulue par les habitants lors de l’élaboration du projet.

La friterie

Le pavillon de la friterie devait s’harmoniser avec l’esthétique de la nouvelle place et faire l’objet d’un concours d’architecture. Finalement, on aura une bête baraque à frite de type Nationale 4 qui jure avec le reste de la place.

L’entretien

Le mobilier urbain de la place montre déjà de nombreux signes de faiblesse. Si cela s’explique par l’usage intensif du lieu, c’est néanmoins inquiétant. On relèvera : un banc en pierre bleue cassé, un banc en bois de l’abribus démonté, des barrières défoncées, le revêtement au pied des arbres endommagé, certaines vitres d’abribus explosées, des bollards renversés, les branches basses des arbres endommagées et les nombreux tags (voir photos en annexe).

« Si on n’intervient pas rapidement et systématiquement, la place va irrémédiablement se dégrader. Ici la Région est vraiment en défaut. », s’inquiète la Députée Céline Delforge. « Je veux aussi qu’on ose s’interroger sur la qualité de la mission de maitrise d’ouvrage menée par l’administration. Visiblement, le chantier n’a pas été suivi scrupuleusement et n’a donc pas été mené par l’entrepreneur avec la rigueur souhaitée : les dalles ont été posées n’importe comment, les finitions des abris bus laissent à désirer et le mobilier n’est pas assez solidement ancré. On aurait dû le voir avant la réception du chantier ».

En outre, les jets d’eau qui font la joie des enfants du quartier sont restés à sec une partie de l’été. « Alors qu’il faisait très chaud et qu’une partie des familles du quartier n’ont pas la chance de partir en vacance, personne ne s’est soucié d’ouvrir le robinet ou d’appeler le plombier. Scandaleux ! », s’indigne l’élue régionale. Elle interpellera la nouvelle Ministre des Travaux à la rentrée parlementaire.

Parking ? Où en est-on ?

L’utilisation du parking souterrain sous la place Flagey est toujours bloquée.

Interpellé à plusieurs reprises par le conseiller Alain Adriaens quant au retard pris pour l’exploitation d’un ouvrage dans lequel la commune a investi des montants financiers énormes, le Bourgmestre a promis à plusieurs reprises la fin d’un de ses bras de fer personnels avec les autorités régionales. Promesse non tenue : incapable de terminer ses conflits avec la Région, le Bourgmestre bloque l’accès à 180 parkings pourtant bien nécessaires

En attendant, les voitures sont garées sur la place ! « A l’automne dernier (2008), nous nous étions indignés de l’occupation de la place Sainte-Croix les samedis et dimanches comme parking à ciel ouvert. Alors que ces places sont les seuls lieux publics du quartier où peuvent jouer les enfants », rappelle Yves Rouyet.
« Le Bourgmestre d’Ixelles nous avait alors juré que cette décision était provisoire le temps de finaliser le chantier du parking et que la place Sainte-Croix serait certainement rendue aux piétons au printemps ». Les enfants attendent toujours…

Occupation de la place

Face aux innombrables demandes d’occupation de la place le jour comme la nuit, le Bourgmestre semble totalement incapable de faire des choix clairs et démocratiques.

La nuit

« Les critères de sélection sont curieux, souligne Yves Rouyet. Alors que les riverains se plaignent de la multiplication des concerts nocturnes, on se souviendra de l’épisode où les calmes concerts acoustiques de musique classique du KlaraFestival avaient été interdits alors que la bruyante fête du Parti Socialiste était autorisée ».

Récemment la majorité conservatrice a annoncé au Conseil communal le retour de la Foire. « On souhaite d’ores et déjà de bonnes soirées aux riverains… ».

A propos des concerts bruyants, le Bourgmestre improvise comme solution (Le Soir du 3/08/2009) leur délocalisation au boulevard de la Plaine. « Si nous ne sommes pas opposés à l’idée, on peut douter de son succès. Sauf si, comme nous le proposons depuis des années, on élabore un projet cohérent pour le quartier des universités. En en faisant un vrai Quartier Latin ! ». (lire Eric Corijn de la VUB à ce sujet)

La journée

Même topo. La Conseillère Audrey Lhoest ne comprend pas « comment certaines activités purement publicitaires ont pu être autorisées, par exemple, l’installation d’un « igloo » Philips au centre de la place pour une activité de marketing ! En interrogeant le Bourgmestre à ce sujet au Conseil, nous avons appris que la Commune n’avait en outre perçu aucune rentrée financière pour cette occupation commerciale de l’espace public ! Ni pour toutes les autres d’ailleurs, ce qui semblait d’ailleurs passablement énerver les rangs MR… »

La gestion calamiteuse et parfois « fait du Prince » de la place Flagey est symptomatique d’une mauvaise gouvernance : improvisation, clientélisme, incohérence et mauvaise gestion des deniers publics.
Et pourtant une solution simple et participative avait été proposé en parallèle à l’élaboration du projet de la place : la création d’un comité de gestion de la place composé des autorités publiques (Commune, Région) et des riverains (les habitants et les institutions culturelles).

Ce comité aurait été habilité à

  • définir des critères clairs d’autorisation (par exemple, pas d’activités commerciales, l’accès gratuit et universel, pas de publicité, etc.)
  • déterminer un nombre de jours acceptables par an
  • déterminer des plages horaires de prestations
  • fixer les devoirs des organisateurs
  • faire des choix le cas échéant.

Nous pensons qu’impliquer les riverains dans les décisions permettrait de désamorcer de nombreux conflits et d’éviter les erreurs. Sans doute parce que la proposition émanait des riverains et d’ECOLO et qu’elle était relayée par le Ministre régional des Travaux de l’époque, cette solution a été rejetée par un Bourgmestre effrayé à l’idée de perdre une parcelle de pouvoir…