Quelle(s) fonction(s) occupes-tu à la locale et au sein d’Ecolo en général ?
_ D’abord militante, je suis aussi conseillère CPAS et députée au parlement bruxellois depuis juin 2009. C’est suite à cette élection au niveau régional que j’ai démissionné de mon mandat de conseillère communale.

Au lendemain des élections communales de 2000, j’ai assuré la présidence du CPAS d’Ixelles durant 6 années. Cette présidence a été une expérience instructive et passionnante, dure. Elle m’a confortée dans la conviction que beaucoup des thèmes chers aux écologistes (les questions d’environnement, d’énergie, de qualité de vie, de la participation…) étaient aussi des questions éminemment sociales. Je suis restée au CPAS en retournant à « la base » comme conseillère d’opposition parce que c’est une institution qui joue ou devrait jouer un rôle crucial de soutien aux personnes en situation précaire. Et que je veux tenter d’y défendre, contre les courants dominants, une vision du travail social où la méfiance et le contrôle n’écrasent pas l’aide. Le CPAS est par ailleurs un observatoire « privilégié » des évolutions de la société, on y touche de très près la vraie vie de celles et ceux qui doivent tenter de survivre avec des revenus sous le seuil de pauvreté, de celles et ceux qui n’ont pas de famille en soutien, qui n’ont jamais eu l’occasion de faire des études, etc. Ce mandat au CPAS permet aussi de mesurer les effets pervers d’une série de législations, comme par exemple la non- individualisation des droits sociaux ou l’activation aveugle des chômeurs. L’intérêt n’est évidemment pas de pure connaissance mais bien de pouvoir témoigner de ce qui produit la pauvreté et de relayer ces constats vers d’autres niveaux de pouvoir en y portant des propositions concrètes.


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Pourquoi milites-tu chez Ecolo en général, et à Ixelles en particulier ?
Je me suis engagée chez Ecolo Ixelles dans le fil de vieux engagements militants à Ixelles où je vis depuis plus de 40 ans. Avec la Ligue des Familles notamment, j’ai appris à connaître la commune, ses réseaux de solidarité et les aspirations de ses habitants. Chez Ecolo parce que la course au profit détruit la planète et ses habitants dont elle condamne la majorité à des conditions de vie indignes. Parce qu’Ecolo est le seul parti qui lutte en même temps sur le front social et sur le front écologique. Chez Ecolo parce que je ne supporte pas la loi du plus fort, les discriminations, l’exploitation, l’indifférence à l’avenir de nos enfants. J’ai rejoint Ecolo pour transformer mes idées en actes. Pour tenter de faire de la politique… autrement, en montrant qu’il est possible d’y concilier rigueur intellectuelle, humour et chaleur humaine.

Depuis quand habites-tu à Ixelles, et pour quelle(s) raison(s) as-tu choisi cette commune ?
Mes parents sont venus habiter à Ixelles quand j’avais 16 ans. J’y suis revenue il y a près de 40 ans parce que j’y ai trouvé un logement pas cher… à quelques coups de pédales ou arrêts de tram de la Bascule, du Bois de la Cambre, des étangs d’Ixelles, de la porte de Namur. Écoles, cinémas, théâtres, concerts, promenades, petits et moyeux commerces accessibles sans voiture. Cela permettait aux enfants d’être rapidement autonomes.

Plaisir supplémentaire : un superbe parc où se croisent amateurs de pétanque, de lecture, de football et de siestes, toutes les générations et toutes les nationalités. Ce quartier devenu à la mode a malheureusement vu s’envoler les prix de l’immobilier. Appauvrissement de ceux qui restent, départ de ceux qui ne peuvent encaisser le choc de ces augmentations, la mixité sociale en est compromise. Le quartier a accueilli un nombre très important de restaurants et de commerces. Cela en fait un des quartiers ixellois les plus animés. Mais la médaille a son revers, de taille : débordements automobiles, bruit, saleté. Sur ces trois points, je crois que nous avons besoin d’un « contrat de cohabitation » entre habitants, commerçants et commune. La Commune a enfin avancé dans un projet qu’Ecolo avait proposé il y a longtemps déjà, l’utilisation des parkings vides la nuit, pour les clients des restos.

La place du Châtelain est connue pour son marché. Elle nécessite un aménagement qui ne la réduise pas à la fonction de parking tous les autres jours de la semaine. Il faut y réfléchir avec les restaurateurs et commerçants du quartier (terrasses en été, bancs publics, pétanque ?). J’ai déménagé il y a quatre ans du côté de l’ULB, une autre ambiance, plus de volontarisme nécessaire pour le vélo…

Parle-nous de ton quartier : qu’est-ce que tu y apprécies, qu’est-ce qui devrait être changé/amélioré ?
Je suis revenue dans l’immeuble de mes 16 ans : souvenirs, souvenirs. La chance de vivre près de chez ma maman et de pouvoir veiller sur elle. Pour jouer la grand-mère, la proximité du Bois de la Cambre est un luxe. Dans ce quartier aux allures bourgeoises, au cadre verdoyant et relativement calme, vivent de nombreuses personnes âgées. Souvent isolées, sinon vivant dans la solitude. Une part importante d’entre elles pourraient participer à diverses activités mais si elles existent, elles n’en ont pas souvent connaissance. Il y a manifestement un manque de diffusion d’informations accessibles vers ces personnes, dont nombreuses souhaiteraient aussi pouvoir échanger des services, notamment avec de jeunes familles. Par ailleurs, la commune doit faciliter les déplacements des personnes âgées : éviter que les traversées de carrefours relèvent de l’exploit sportif, placer des bancs qui permettent de faire une pause sur le chemin des magasins ou des arrêts de tram. Par ailleurs, une partie de mes voisines de quartier souhaitent rester chez elles mais nécessitent, sinon des soins, du moins un accompagnement quotidien. Il est indispensable de mener une politique du « bien vieillir » dans ce quartier.

Tu deviens bourgmestre demain : quelle est ta première décision ?
Une chose qui peut se faire vite et sans frais, mais qui est une question de respect et de bien vivre ensemble : organiser l’accueil des nouveaux Ixellois.

À Ixelles, on peut te croiser…
En tram, en bus ou à vélo, je vais chez Alexandre et Jane, libraires du quartier ULB, ou place Flagey, dont j’aime l’ambiance, les enfants qui courent dans les jets d’eau, l’atmosphère de fête douce. J’apprécie les ressources culturelles d’Ixelles et les langues du monde qu’on y entend.